La disparition annoncée des koalas

En Australie, la deuxième conférence nationale sur les koalas était organisée du 2 au 4 juin par l’Hôpital des Koalas de Port Macquarie avec le soutien du conseil local. Intitulée “Leur avenir est entre nos mains”, elle a dressé un constat alarmant sur les dangers mortels pesants sur ces animaux sympathiques et emblématiques : réduction de leur habitat, maladies (épidémie de chlamydia), attaques de chiens, collisions avec les voitures et réchauffement climatique. Un appel à l’action a été lancé car les mots et les discours ne suffiront pas à préserver l’essentiel, les forêts naturelles nécessaires à la nourriture et au confort vital des koalas.

 

On note parmi les bonnes nouvelles, que la population de koalas a augmenté de plus de 3 000 dans la région des Highlands de la Nouvelle-Galles du Sud, et une collaboration positive avec le conseil local d’Ipswich en Queensland, et de nombreux progrès dans la recherche scientifique ont été réalisés.

Toutefois, dans certaines régions d’Australie, les koalas ont déjà disparus et dans d’autres pratiquement. Ils meurent par milliers, tués par des chiens, écrasés par des voitures, étouffés par les feux de brousse qui accélèrent la disparition de leur habitat.

Toutes les contributions, lors de la conférence, ont confirmé que la survie des koalas dépend de la priorité absolue accordée à la protection de leur habitat résumée par ce slogan “No tree; no me ” avec l’image d’un koala.  Un large éventail de délégués, plus de 200 personnes, s’était déplacé, parmi eux des vétérinaires et autres soignants, des militants et des scientifiques.

Pour tous les contributeurs, il ne fait aucun doute que la perte de leur habitat naturel est la raison première de tous les autres fléaux qui frappent les koalas : ni les chiens, ni les voitures ne les tueraient si les arbres étaient suffisants pour les nourrir leur permettant de ne pas se mettre en danger à la recherche de leur alimentation. Ils seraient également moins en relation avec le bétail et les moutons porteurs de chlamydia.  La préservation des forêts denses et naturelles, comportant les essences essentielles à leur alimentation, permettraient également de les protéger des chocs thermiques.

Changing Times reprend les interventions de tous les participants, thème par thème, pour vous proposer une analyse complète de la situation de ce charmant animal dont le risque de disparition est un véritable crève-cœur. La fondatrice du mouvement Queensland Koala Crusaders (les Croisés de Queensland pour les Koalas), Meghan Halverson, considère qu’une véritable guerre doit être menée pour sauver les koalas et que le seul moyen de la gagner est de combiner les efforts et les ressources.

Lors de la dernière conférence sur les koalas, en 2013, son message était déjà “alors que nous parlons, ils sont en train de mourir”. Elle regrette que quatre ans plus tard “nous parlons toujours et ils continuent à mourir” bien que tout le monde travaille davantage et en meilleure collaboration.

Meghan Halverson

Dans le Queensland, un million d’hectares de bush original a été supprimé et “le WWF estime qu’au moins 84 000 hectares concernent  l’habitat nécessaire au koala”.

Les propos de Wanda Grabowski, spécialiste des soins aux koalas, présidente et secrétaire de Koala Action Inc. (KAI), basé au Queensland, à Changing Times sont explicites, pour la sauvegarde des koalas “… les restes d’habitats matures doivent être maintenus et améliorés si nécessaire… Vous ne pouvez plus couper d’arbres dans l’habitat du koala, fin de l’histoire”.

Wanda Grabowski avec Burman. (Photo par Megan Slade.)

En 2015, le gouvernement australien a reconnu le koala comme animal en voie d’extinction dans tout le Queensland alors qu’auparavant, cela ne s’appliquait que pour le sud-est de l’État. De plus, l’ensemble des populations de koala de la Nouvelle-Galles du Sud et de la capitale australienne sont considérés désormais comme vulnérables.

À la fin de 2015, un rapport de l’Université du Queensland présentait des preuves statistiques claires de baisses spectaculaires dans les populations de koala dans le sud-est du Queensland. Entre 1996 et 2014, les densités de koala ont diminué d’environ 80 pour cent dans la région “Koala Coast” et de 54 pour cent dans celle de “Pine Rivers” et ce déclin s’est accéléré.

Stephen Phillips (en photo à gauche), qui est un écologiste spécialisé dans les koalas, a déclaré aux délégués de la conférence : “En regardant la répartition géographique de cet animal en Australie, nous constatons qu’il y a localement des populations qui sont sur le point de disparaître, d’autres stables, et certaines populations sont en augmentation.” Toutefois, “Lorsque vous rassemblez toutes ces informations, dans l’ensemble, la tendance est à la baisse.”

Pour Stephen Phillips, les forêts d’Etat dans la Nouvelle-Galles du Sud ont été gérées sans respecter leur écosystème. Les chercheurs pénètrent dans des zones boisées qu’ils savent habitées par les koalas, et reviennent souvent sans en voir.

Pour mémoire, lorsque les colons européens sont arrivés en Australie, il y a 250 ans, la population des koalas était de dix millions. Maintenant, ils ne sont que quelques centaines de milliers au plus.

Une enquête du sénat en 2011 en a recensé entre 50 000 et 100 000. Au cours des vingt dernières années, le nombre de koala a diminué de 40 pour cent dans le Queensland et d’un tiers en Nouvelle-Galles du Sud. Dans la Forêt Pilliga du nord-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, les trois quarts de la population de koala ont été anéantis depuis l’an 2000.

L’inaction du gouvernement

Le premier jour de la conférence, il y a eu des protestations contre l’inaction du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud. Les gouvernements tant locaux que fédéraux font encore très peu pour protéger le koala qui pourtant attire de nombreux touristes.

De gauche à droite : Drusi Megget, Greg Hall, et Susie Russell.

Susie Russell, du Conseil de l’environnement de la côte nord, regrette que tant le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud que le gouvernement fédéral, prétendent se préoccuper du sort des koalas tout en adoptant des politiques de gestion forestière qui sacrifient leurs meilleurs habitats.

Pour Susie Russell, les deux gouvernements favorisent l’industrie du bois  au détriment de la protection des forêts uniques et extrêmement riches en biodiversité de l’Australie. La législation sur le défrichage des terres permet aux propriétaires fonciers d’autoévaluer leur valeur de conservation ce qui conduit à l’extinction des koalas et de toutes les autres espèces.

La survie des koalas dépend de leur habitat naturel, leur comportement est adapté à celui-ci.

“Si vous retirez les arbres de leur aire de résidence, ils n’ont plus de maison, ils sont stressés, ils deviennent malades. Ils se déplacent, et ils sont susceptibles d’être attaqués par des chiens et écrasés par des voitures.”

Heurté par une voiture. Photo par Charlie Lewis.

La pression urbaine

Pour Wanda Grabowski, dans le Queensland, les plus hautes densités de koalas sont sur la côte  là où il y a la plus grande pression du développement résidentiel urbain et périurbain.

“Donc, vous avez des humains en compétition pour le même habitat que les koalas, et les humains vont toujours gagner.”

Une solution serait de trouver des moyens pour relier les parcs nationaux, les réserves, les espaces ouverts et les parcs urbains. Car le gouvernement du Queensland continuera de favoriser le défrichage et le développement urbain, les  infrastructures, les mines et l’agriculture au détriment des koalas.

“Il y a des gens chargés de gérer l’environnement qui ont un intérêt particulier à ce que le développement se poursuive à un rythme croissant. Il y a clairement un conflit d’intérêts. C’est comme de mettre Dracula en charge de la banque de sang. “

 Les effets du changement climatique

Lors de la conférence, plusieurs orateurs ont évoqué les effets du changement climatique sur les koalas. Pour  l’écologiste du conseil d’administration de Port Macquarie-Hastings, Rebecca Montague-Drake (en photo à gauche), celui-ci risque d’avoir de graves répercussions sur les animaux. Un nombre croissant de feux de forêt entraînerait une mortalité directe et une perte d’habitat.

“La sécheresse provoque une réduction de la teneur en eau des feuilles, ce qui rend les koalas plus vulnérables et  réduit également la canopée.”

Les koalas mangent principalement des feuilles d’eucalyptus et seulement de certaines espèces de gommier.

Rebecca Montague-Drake a déclaré que les populations de koala le long de la côte, en particulier dans la Nouvelle-Galles du Sud et du  Queensland, sont en très grand danger, et beaucoup d’entre elles semblent engagées dans une course inéluctable vers l’extinction.

Le koala, dit Rebecca Montague-Drake, est un marsupial arboricole qui ne peut pas se protéger en se cachant et qui ne peut pas voler, ce qui le rend vulnérable aux conditions météorologiques extrêmes.

Elle informe les délégués que les recherches effectuées localement à Port Macquarie, ont révélé un nouvel impact du changement climatique sur les populations de koala jusqu’alors non signalé. Les chercheurs ont mené une projection des augmentations du niveau de la mer, en regardant principalement le scénario de la marée du printemps.

Elle précise “Les résultats ont indiqué que, même dans les scénarios de changement climatique doux, de nombreuses zones d’habitat primaire des koalas subiront une inondation due aux marées sur une base mensuelle (marée printanière)… Cette inondation augmentera les niveaux de salinité des sols et des nappes phréatiques peu profondes. Ceci risque de réduire la survie des alpages des koalas… Même en supposant que les arbres soient capables de survivre à de telles incursions, de petites augmentations de la salinité auront probablement un impact sur l’absorption des nutriments par les espèces d’eucalyptus.”

Tout changement dans les niveaux de salinité des feuilles d’eucalyptus affectera presque certainement l’équilibre délicat des nutriments par rapport aux toxines dans ces feuilles. La salinité conditionne également la hauteur de la plante et la biomasse des arbres.

“En conséquence, les koalas peuvent ne plus être en mesure de répondre à leurs besoins nutritionnels, ce qui entraînera malnutrition et famine. De tels stress physiologiques laisseront les koalas encore plus vulnérables à des maladies telles que la chlamydia et le retrovirus du koala.”

Les chercheurs ont constaté qu’un tiers de l’habitat de tous les koalas sur la plaine côtière serait inondé dans cent ans. Dans l’ensemble de l’habitat des koalas, 14 pour cent seraient perdus dans une cinquantaine d’années et 22 pour cent au cours du prochain siècle.

Rebecca Montague-Drake craint que la modélisation de 2013 ne soit déjà dépassée et que la diminution de l’habitat des koalas atteigne plutôt 40 pour cent en cent ans.

“Une étude parue aux États-Unis cette semaine montre que les taux d’élévation du niveau de la mer dépassent ceux qui étaient attendus.”

Elle ajoute qu’il existe aussi des menaces plus immédiates pour les koalas et à moins qu’il n’y ait des retournements majeurs au cours des cinq prochaines années, “nous nous dirigeons vers l’extinction irrémédiable des koalas dans un délai de cinquante ans, et c’est une pensée dramatique”.

Ben Moore (en photo à gauche), de l’Institut Hawkesbury pour l’environnement à l’Université Western Sydney, a déclaré, dans un entretien à Changing Times, que de nombreux facteurs de changement climatique affecteraient les koalas.

“Nous pouvons nous attendre à des intervalles plus courts entre les événements climatiques extrêmes et les populations de koala auront moins de temps pour récupérer … De nombreux koalas sont tués directement par le stress thermique.”

La température que les koalas ne tolèrent pas n’est pas clairement définie, mais les flying foxes (sorte de chauves-souris australiennes) meurent quand le mercure atteint 42 degrés.

Lorsque les animaux sont stressés par la chaleur, leur foie devient moins capable de faire face aux toxines dans leur nourriture. “Ce qui signifie pour les koalas qu’ils passent de stressés par la chaleur à intolérants à la toxicité de leur alimentation végétale.”

“Cela ne signifie probablement pas que les koalas seront empoisonnés, mais que le choix des feuilles qu’ils peuvent manger, se réduira.”

Pour Ben Moore, ce sera particulièrement difficile pour les koalas qui résident dans des zones où la qualité des feuilles n’est déjà pas la meilleure. De plus, les koalas obtiennent habituellement toute l’eau dont ils ont besoin des feuilles qu’ils mangent, mais quand la teneur en eau des feuilles diminue, et qu’il fait chaud, ils ont besoin de plus d’eau alors qu’il y a moins d’eau disponible. C’est un réel problème.

Photo par Kate Wilson.

Les chercheurs de l’Université de Sydney ont étudié les besoins naturel en eau des koalas, car cette consommation peut être un moyen de combattre certains événements climatiques extrêmes.

Lors d’une étude à Gunnedah dans le nord-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, ils ont complété l’eau de l’environnement par des points d’eau artificiels et ont essayé d’en mesurer l’effet.

Rob Frend, propriétaire foncier de  la ferme sur laquelle la recherche est menée, a conçu des points d’eau qui se rechargent automatiquement.

Il semble que le comportement des koalas se modifie. Les chercheurs ont constaté qu’il y avait eu 386 visites de koala à chaque distributeur d’eau durant l’année, et que les koalas ont bu pendant de longues périodes.

On a vu les animaux, surveillés pendant l’hiver, boire dans les distributeurs jour et nuit pour une durée moyenne de plus de dix minutes.

Valentina Mella, qui dirige l’étude, dit que les koalas ont non seulement bu dans les arbres, mais ont même cherché les points d’eau sur le sol pendant la journée, alors qu’ils dormaient normalement.

 

 

Lors d’un pic de chaleur en 2009, environ 25 pour cent de la population de koala de Gunnedah est morte en quelques jours seulement.

Mathew Crowther (en photo à gauche), de l’École de la vie et des sciences de l’environnement de l’Université de Sydney, a confirmé que les koalas ont subi une réduction de population sur les plaines de Liverpool entourant Gunnedah de 16 à 30 pour cent de 2011 à 2015. Il a précisé que ce déclin s’expliquait parce qu’il n’y avait pas assez de jeunes, mais aussi et surtout par le changement climatique. Quand le climat devient plus chaud, les koalas se déplacent vers des niveaux inférieurs.

Ils descendent dans les ravins. Ils ont tendance à utiliser des arbres non alimentaires, d’autres arbres que les eucalyptus qui étant plus feuillus, leur permettent de rester au frais.”

Si pour Mathew Crowther,  la plantation d’arbres est importante, les zones qui ont montré le plus grand déclin de la population de koala sont celles qui n’ont pas beaucoup d’arbres anciens. “Pour conserver les koalas dans une région, vous avez besoin d’une grande variété d’arbres, pas seulement des arbres nourriciers.”

Changement climatique et maladie

Mark Krockenberger, Professeur agrégé de pathologie vétérinaire à l’Université de Sydney, affirme que les scientifiques ont observé à Gunnedah un lien entre la survenue de maladies et les événements climatiques. Les populations ont augmenté dans la région, a-t-il dit, mais les pics de chaleur en 2008, 2009 et 2010 ont eu un impact sur la population locale de koala. “La population était sous le stress”, a déclaré Krockenberger (en photo à gauche).

“Tout à coup, nous sommes passés d’une très faible prévalence de la chlamydiose à une prévalence élevée.”

La prévalence a augmenté spectaculairement depuis 2011, et, encore plus en  2015/2016.

 Les koalas dans les plantations d’eucalyptus globulus (blue gum tree)

Lors de la conférence, Tracey Wilson de Mosswood Wildlife Rescue & Rehabilitation a évoqué le sort des koalas vivants dans les plantations d’eucalyptus globulus. “Les koalas ont déménagé dans ces plantations et ont prospéré. Cependant, l’impact de la récolte de ces plantations est dévastateur sur le paysage et les koalas.”

Les koalas exercent alors une pression massive sur la petite quantité de végétation qui perdure en bordure de route, sur les terres privées, ou indigènes et les parcs et réserves.

Ils mangent maintenant des taillis (les souches qui restent après la récolte).

“Ces animaux arboricoles en sont réduits à brouter comme des moutons.”

Quand il y a des feux de brousse, les koalas mangent des taillis, mais ils ne viennent généralement pas au sol pour se nourrir. Tracey Wilson (en photo à gauche) est donc surprise et intriguée de les voir manger des taillis sur les plantations de gommier bleu.

Elle a déclaré à Changing times :”Quand j’essaie de nourrir les koalas qui sont soignés avec des taillis, ils ne vont pas y toucher.”

“Lorsque nous voyons un koala sur le sol, ce n’est pas normal, à moins qu’il ne bouge d’un arbre à l’autre.” Pourquoi est-ce qu’il mange les souches alors qu’il peut se nourrir dans les arbres ?

En 2013, l’industrie de la gommier bleu dans le Triangle vert a été dénoncée pour avoir tué et mutilé des koalas lors de la récolte. Après cela, des zones spéciales pour les koalas ont été créées, sur les plantations.

De nouveaux règlements doivent entrer en vigueur,  ils apportent d’importantes améliorations. Il sera, par exemple, obligatoire pour les entreprises d’avoir des zones spéciales koalas sur le site lorsque le brûlage est effectué.

Cependant, Tracey Wilson souhaite que les entreprises de gomme bleue fournissent un habitat au koala qui soit permanent mais le gouvernement n’a pas encore rendu cela obligatoire.

Il y a plus d’exportations de copeaux de bois dur du sud-ouest de Victoria que partout ailleurs dans le monde. Le bois des gommiers bleus est exporté pour la production de papier. Le Japon et la Chine sont les principaux acheteurs.

Un partenariat positif 

Ruth Lewis, présidente de l’Ipswich Koala Protection Society, a déclaré lors de la conférence qu’Ipswich abrite probablement la plus grande population saine de koalas dans le sud-est du Queensland, mais il existe des zones où les animaux ont déjà pratiquement disparus.

Elle a parlé de la victoire la plus importante de la société d’Ipswich, qui a permis d’éviter un corridor ferroviaire de traverser au milieu de l’habitat du koala. Ils ont pu le déplacer de 12 kilomètres.

Elle a également parlé des efforts de conservation du conseil local et a déclaré qu’elle espérait que d’autres conseils suivraient l’exemple d’Ipswich. “Le conseil municipal d’Ipswich a acheté environ 6 500 hectares d’eucalyptus et d’autres forêts indigènes en vue de leur conservation et ainsi fournir un refuge pour les koalas et les autres espèces.”

Croissance de la population

Joe Stammers du Wingecarribee Shire Council a réveillé un peu d’espoir en évoquant le projet de conservation du koala des hautes terres du sud, créé en 2014 en partenariat entre le Bureau de l’environnement et du patrimoine de la Nouvelle-Galles du Sud (OEH) et Wingecarribee Shire Council.

En mars de cette année, l’OEH a annoncé que la population de koala dans les hautes terres du Sud a atteint plus de 3 000 habitants et constitue la plus grande population du sud de la Nouvelle-Galles du Sud.

L’équipe du projet a présenté les corridors que les koalas utilisent pour se déplacer dans les hautes terres du Sud et la carte des terres du comté à forte valeur environnementale.

Joe Stammers a indiqué que la sensibilisation de la communauté est montée de zéro à un niveau où non seulement la communauté, mais aussi les conseils locaux, soutiennent la conservation.

Moreton Bay

L’histoire des koalas dans la baie de Moreton au Queensland a deux angles de vue.

Un programme de surveillance à grande échelle a été réalisé avec succès alors que des travaux étaient effectués sur le réseau ferroviaire de la baie de Moreton (maintenant appelé Redcliffe Peninsula Line), qui traverse certains des derniers espaces de bush urbains et périurbains intacts de la région. Plus de cinq cents koalas ont bénéficié de ce programme de marquage et de surveillance, ils ont été capturés et soumis à des examens vétérinaires. La plupart ont été équipés de dispositifs de télémétrie personnalisés et ont été surveillés à l’état sauvage.

Or, pendant la période de surveillance (de mars 2013 à juin 2016), 292 koalas sont morts. Parmi ceux-ci, 116 ont été tués par des chiens sauvages, 82 sont morts de maladie, 19 ont été tués par des pythons, neuf ont été heurtés par des voitures, un est mort des piqûres d’abeilles après avoir dérangé une ruche.

“Ce n’est que lorsque nous avons demandé au conseil régional de Moreton Bay d’intensifier sa gestion des chiens sauvages à cet endroit, que nous avons effectivement arrêté le déclin,” explique Wanda Grabowski. “La majorité des koalas morts ont été pour parti mangés et le reste a été enterré, pour être consommé plus tard, selon le comportement typique du chien sauvage.

“Un seul chien était responsable de plus de 80 pour cent des tueries faites par plaisir. Rien n’a été mangé. Les koalas ont été poursuivis, pris et malmenés et sont morts de leurs blessures et des chocs.”

Chiens de détection

Meghan Halverson et Josey Sharad du Fonds international pour le bien-être des animaux (IFAW) ont présenté le travail effectué avec des chiens spécialisés dans la détection des koalas.

QKC et l’IFAW travaillent en collaboration avec l’Université de la Sunshine Coast. Il existe maintenant quatre chiens formés à détecter des koalas dans l’initiative “Des chiens de détection  pour la conservation (Detection Dogs for Conservation) “.

Grâce à la détection des chiens, dit Halverson, des progrès peuvent être faits pour analyser de plus grands échantillons de données et donner une meilleure image de la santé des koalas et de la distribution génétique dans tout le paysage.

Thor Aaso du conseil de Port Macquarie-Hastings a parlé de la formation des chiens et des propriétaires qui se fait dans le but de réduire les attaques canines contre la population de koala urbain à Port Macquarie.

Il a également présenté un système d’enregistrement de données mobile GIS¹ qui aide le personnel de l’hôpital Port Macquarie, le conseil local et les chercheurs. Il permet la saisie et le rassemblement de nombreuses informations sur les koalas.

L’application a permis d’établir une cartographie des endroits où les koalas sont le plus souvent renversés par les voitures.

Chlamydia

Une grande partie de la conférence a été consacrée aux rapports concernant la recherche scientifique sur les maladies qui affectent les koalas.

Le microbiologiste Adam Polkinghorne, de l’Université de la Sunshine Coast, a évoqué les infections à Chlamydia pecorum répandues dans les populations de koala ainsi que dans le bétail australien.

Les koalas sont affectés par deux souches différentes de chlamydia: Chlamydia pneumoniae et Chlamydia pecorum. Cette dernière est la plus répandue. Les taux d’infection les plus élevés se trouvent dans le Queensland et dans le nord de la Nouvelle-Galles du Sud. La plupart des populations de koala sont infectées, mais les impacts de l’infection varient.

Les populations de koala à Victoria ont des niveaux élevés de chlamydia, mais l’évolution de la maladie est différente de celle du Queensland ou de la Nouvelle-Galles du Sud. Beaucoup de koalas, infectés par le chlamydia, le transmettent, mais ne montrent pas les signes de la maladie.

Si les koalas sont des hôtes de Chlamydia pecorum, ce sont les moutons dont 30 à 40 pour cent de la population est infectée et le bétail, qui répandent Chlamydia pecorum dans leurs fèces (matières fécales ou excréments).

De nombreux indices indiquent que les koalas sont exposés aux souches de Chlamydia pecorum du bétail du fait d’une contamination environnementale. La comparaison des souches de koala Chlamydia pecorum avec celles des souches du bétail étaye cette hypothèse, et est complétées par certaines preuves moléculaires. Toutes les infections chez les koalas pourraient résulter de l’introduction du bétail infecté par Chlamydia pecorum en Australie.

Adam Polkinghorne (en photo à gauche) souligne que les premiers moutons et bétail importés en Australie proviennent d’Afrique du Sud et non d’Europe.

En utilisant le séquençage du génome, les chercheurs ont trouvé trois types de souches de chlamydia infectant les koalas.  Dans un koala sud-australien et dans les koalas du centre de la Nouvelle-Galles du Sud celles-ci étaient pratiquement identiques aux souches du bétail. Sur la côte sud de Victoria, les chercheurs ont trouvé une souche qui regroupe des souches de Chlamydia pecorum trouvées chez les porcs européens.

Vaccination

Adam Polkinghorne est également impliqué dans les essais d’un vaccin contre le chlamydia. Les scientifiques ont réalisé deux essais sur le terrain. “Ces deux essais ont montré que les koalas vaccinés ont amélioré leur santé, les infections ont diminué sur une période d’un an par rapport aux koalas qui n’ont pas reçu le vaccin.”

Les chercheurs analysent les échantillons pour essayer de comprendre pourquoi certains koalas ont eu un résultat amélioré contrairement à d’autres. “En faisant cela, nous pouvons espérer utiliser cette information pour affiner davantage le vaccin en prévision de certains autres essais sur le terrain.”

Les scientifiques examinent l’efficacité thérapeutique potentielle du vaccin. Ils espèrent que cela stimulera la réponse immunitaire des koalas qui ont déjà une infection par chlamydia et que ce sera une alternative aux antibiotiques. “Certaines des premières données suggèrent que cela pourrait être le cas,” a déclaré M. Polkinghorne.

Koala retrovirus

Le travail accompli pour développer un vaccin contre le rétrovirus Koala (KoRV) a également été présenté aux délégués par Olusola Olagoke de la Faculté des sciences, de la santé, de l’éducation et de l’ingénierie de l’Université de Sunshine Coast du Queensland.

La majorité des koalas australiens sont infectés par KoRV.  Le taux d’infection à KoRV est de 100 pour cent au Queensland. Tous les koalas du Queensland possèdent le génome KoRV-B. Le taux d’infection est moins élevé en Australie du Sud où il n’y a pas KoRV-B mais seulement KoRV-A.

KoRV-A a été découvert au Queensland et KoRV-B a été trouvé à l’origine dans des koalas captifs au zoo de Los Angeles, et résulte d’une mutation de KoRV-A.

KoRV-A et KoRV-B ont été fortement impliqués dans la maladie de chlamydia, mais KoRV-B a plus d’association avec le lymphome et la leucémie. Certains zoos ont signalé un taux de mortalité par koala allant jusqu’à 50 pour cent pour ces maladies.

Lors d’un essai à Adélaïde, les chercheurs avaient vacciné avec succès cinq koalas avec un vaccin. Trois des koalas sont KoRV positifs et deux sont KoRV négatifs.

Les animaux n’ont eu aucune réaction négative au vaccin, et ont présenté une réponse immunitaire spécifique au KoRV.

La maladie rénale des koalas

Melissa Pettigrew Burford, du parc de la faune de Cleland, dans l’Australie du Sud, a présenté,  la gestion de la néphrose par oxalate (maladie rénale) chez les koalas dans un environnement captif.

Elle a déclaré que 60 pour cent des soixante koalas dans le parc, qui ont été nourris à la main ou élevés dans le parc, présentent des signes cliniques de maladie rénale.

La dysfonction rénale est répandue dans la population des koalas du sud ; elle est moins fréquente dans les États de l’Est.

La recherche en cours porte sur le régime alimentaire, la fonction hépatique et la faible diversité génétique des koalas de l’Australie du Sud.

De nombreuses théories existent sur les causes possibles de la néphrose des oxalates chez les koalas. La génétique et la diète sont les plus évidentes. “Le niveau d’oxalate dans certaines des feuilles d’eucalyptus dans l’Australie du Sud est un peu plus élevé dans certaines espèces que dans les États de l’Est”.

Des recherches sont également menées pour vérifier s’il ne manque pas dans le foie des koalas l’enzyme qui devrait décomposer l’oxalate.

Bien que l’état de santé de la plupart des koalas traités pour la néphrose par oxalate soit stable sous traitement, un temps extrêmement chaud ou froid peut provoquer des épisodes rénaux aigus.

Cape Otway

En 2013 et 2014, les autorités ont euthanasié des centaines de koalas dans la région de Cape Otway, à environ 230 kilomètres au sud-ouest de Melbourne. Ils ont déclaré qu’ils répondaient aux problèmes de surpopulation des koalas qui avaient engendré une grande défoliation des arbres, voir leur mort, entraînant la famine chez les koalas.

L’indignation fut générale lorsque la population australienne a pris connaissances de ces abattages par les rapports publiés dans les médias en mars 2015.  Pour certains le problème était la perte d’habitat et tuer les koalas ne pouvait être la solution. Les eucalyptus et la forêt devaient être protégées et soignées le cas échéant.

Desley Whisson de l’Université de Deakin, invitée à la conférence, a déclaré que dans les quatre ou cinq ans précédant 2013, elle avait regardé la population de koala à Cape Otway augmenter. “En septembre 2013, il a atteint un point où les arbres ne pouvaient plus supporter la pression de cette population.

“Les arbres sont morts. Il y avait également une défoliation répandue des arbres. Et finalement, plusieurs milliers de koalas sont morts en raison de la famine. C’était vraiment terrifiant d’être témoin de cela. “Pendant des années, des appels au gouvernement ont été lancés dans les Otways. Ils ont beaucoup parlé mais rien a été fait jusqu’à ce qu’il soit trop tard.”

Desley Whisson, arrivée à Otways, en 2008, se souvient “Je ne pouvais pas en croire mes yeux: dix koalas par hectare, dans des arbres qui ne semblaient pas être particulièrement mauvais.” La densité de koala est demeurée stable pendant plusieurs années, puis a commencé à augmenter après 2011. “En septembre 2013, nous avions atteint un sommet de 23 koalas par hectare dans certains sites … Et alors le crash a commencé.”

Le pourcentage d’arbres en bonne santé est passé d’environ quatre-vingts pour cent en 2008 à moins de cinq pour cent en septembre 2013.

À ce moment-là, les koalas affamés ne faisaient que quelques arbres: “les femelles avec leur bébé dans le dos arrivaient pour la toute dernière feuille.” Les animaux parvenaient à écailler l’écorce des arbres.

Malgré tous ces éléments inquiétants : “il n’y a eu aucune action d’entreprise de la part des personnes qui avaient le pouvoir de faire quelque chose”.

Lorsqu’une équipe de vétérinaires est venue pour évaluer l’état des koalas, la plupart des animaux se sont révélés être en bonne santé. “Mais nous n’avions rien que nous pourrions faire, sauf leur donner un implant hormonal et les libérer dans des arbres qui avaient presque pas de feuilles.”

En janvier 2014, le gouvernement a euthanasié environ sept cent koalas, dit Desley Whisson (en photo à gauche), “et probablement plus du double est mort de la famine sans être vu”.

Certains arbres ont réussi à survivre et, dans les deux ans, la population locale de koala a de nouveau doublé dans des zones où il restait très peu de feuilles pour les nourrir.

Le gouvernement a décidé en 2015 des plans de délocalisation et de contrôle de la fécondité. Les koalas ont été déménagés à la fin de 2015, et encore en 2016.

À la fin du mois de mai 2016, environ deux cents koalas ont été déplacés hors de la région.

Pour Desley Whisson, il faut un plan de gestion à long terme des koalas pour les Otways, avec plus d’attentions portées aux arbres, c’est-à-dire à la sauvegarde de leur habitat.

Lors des révélations sur les abattages de Cape Otway, le directeur général de la Fondation australienne des Koalas, Deborah Tabart, a ainsi déclaré que le véritable problème était une mauvaise gestion flagrante de l’habitat des koalas au cours des soixante dernières années.

Pour Deborah Tabart les koalas ont été intégrés à Cape Otway il y a plus de trente ans à des fins touristiques, avec les conséquences que l’on connait. La question doit être considérée comme une sous-population des arbres et non pas une surpopulation des koalas.

 Appel à l’action et non aux discours pour la sauvegarde des koalas

Si les principaux problèmes soulevés lors de la conférence de 2017 sont les mêmes que lors de la conférence précédente de 2013, les nouveautés proviennent des techniques médicales et des méthodologies d’enquête qui fournissent des informations plus précises sur les koalas.

“La science s’améliore certainement,” a déclaré Wanda Grabowski.

“Nous trouvons des options qui feront en sorte que les koalas soient plus sains et qu’un grand nombre de la population se reproduise, ce qui est une bonne chose. Cependant, si nous ne pouvons pas sauver l’habitat, nous n’aurons aucun endroit pour mettre ces animaux une fois qu’ils auront été réhabilités.”

Pour Wanda Grabowski, il y a beaucoup de points positifs, mais, si certains éléments de base ne sont pas modifiés, ou trop peu ce sera trop tard. Des actions supplémentaires doivent être mises en œuvre.

“Pas des mots, pas des documents, pas des plans de gestion, pas des recommandations. Des actions sur le terrain. C’est seulement alors que nous pourrons garantir un avenir pour les koalas au Queensland et dans toute leur zone d’habitat naturelle.”

 1. Geographic Information System

Co-traduction de l’article Koalas ‘being driven towards extinction’ par Sonia Coly et Annette Gartland.

 

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